La glace n’est pas un corps rigide ; elle se déforme sous son propre poids. Cette déformation se réalise sous deux formes : la reptation, qui correspond à la déformation des cristaux de glace eux-mêmes et à leur mouvement les uns par rapport aux autres, et la fracturation, lorsque la reptation n’est pas suffisamment rapide pour répondre à la contrainte exercée. Il s’ensuit une rupture cassante : ce sont les crevasses.
Les crevasses sont donc des ouvertures qui se forment à proximité de la surface d’un glacier sous l’effet de l’extension de la glace (fig. 1). Leur direction est perpendiculaire à la direction principale de la contrainte. Elles sont rarement isolées, mais se groupent en systèmes de crevasses analogues. On peut distinguer les crevasses marginales (fig. 2), formant un angle d’environ 45° avec les bords du glacier en direction de l’amont et qui sont dues aux différences de vitesses entre le centre et les bords du glacier, les crevasses transversales, qui sont liées aux discontinuités topographiques du substratum (fig. 3), et les crevasses longitudinales, plus ou moins parallèles à l’écoulement, qui se forment dans les zones de mouvement compressif qui induisent une expansion latérale de la glace. Dans les glaciers de montagne, les crevasses se referment lorsque la glace arrive dans une zone d’écoulement compressif.
Dans les glaciers de cirque et de vallée, la rimaye est une crevasse particulière qui se forme à la limite entre le névé et le rocher, ou plus précisément à la limite entre le névé (qui ne bouge pas) et le glacier (qui flue) (fig. 4). Nous pouvons considérer la rimaye comme la première crevasse dynamique d’un glacier. Les séracs sont des morceaux de glace isolés par des crevasses (fig. 5). Ils se forment lorsque la rupture de pente est très importante et que l’accélération est très forte (fig. 6).
Les crevasses, larges de quelques centimètres à plusieurs mètres, peuvent atteindre une profondeur maximale de 50 mètres. Au-delà, la déformation de la glace due à la pression provoque la fermeture de la crevasse. Les crevasses peuvent être visibles en surface, lorsque la glace est à nu, par exemple, dans la zone d’ablation à la fin de l’été. En zone d’accumulation ou après des chutes de neige, les crevasses sont parfois rendues totalement invisibles par des ponts de neige plus ou moins solides. Elles représentent alors un réel danger pour les alpinistes qui s’aventurent à la surface des glaciers.
Fig. 1 – Types de crevasses dans un glacier alpin
Les différents types de crevasses dans un glacier alpin.
Fig. 2 – Schémas de la formation des crevasses marginales. La longueur des flèches d’écoulement est proportionnelle à la vitesse.
Fig. 2 – Schémas de la formation des crevasses marginales. La longueur des flèches d’écoulement est proportionnelle à la vitesse.
Fig. 3 – Crevasses transversales sur le glacier des Bossons (Chamonix, Haute Savoie, France, 2011).
Fig. 3 – Crevasses transversales sur le glacier des Bossons (Chamonix, Haute Savoie, France, 2011).
Fig. 4 – La rimaye du glacier d’Armande (Massif de la Meije, Hautes Alpes, France, 2012).
Fig. 4 – La rimaye du glacier d’Armande (Massif de la Meije, Hautes Alpes, France, 2012).
Fig. 5 – Chute de séracs sur le glacier des Bossons (Chamonix, Haute Savoie, France, 2011).
Fig. 5 – Chute de séracs sur le glacier des Bossons (Chamonix, Haute Savoie, France, 2011).
Fig. 6 – Séracs du Langgletcher (Lötschental, VS).
Fig. 6 – Séracs du Langgletscher (Lötschental, VS).