5.5 Exploitation de la glace des glaciers

Avant l’invention et la commercialisation du frigos, les aliments étaient conservés grâce à la glace naturelle, la neige et l’utilisation de sites frais. Au tournant du XIXe siècle, la glace de certains glaciers et lacs suisses était transportée jusque dans les grandes villes des pays voisins.

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La glace des glaciers a été longtemps exploitée comme matière première. Avant l’invention du frigo, la glace naturelle, la neige et l’utilisation de sites frais (grottes), étaient les seuls moyens de conserver au frais des aliments. Après l’arrivée des chemins de fer, l’industrie de la glace s’est développée pour approvisionner une bonne partie de l’Europe. Ces années correspondent à la fin du Petit Age Glaciaire, quand la matière première était accessible. Cette exploitation était particulièrement développée au glacier du Trient (fig. 1). Vers la fin des années 1880, partaient chaque jour en été du Col de la Forclaz 10 à 15 gros chariots transportant par la route jusqu’à Martigny entre 20 à 30 tonnes de gros blocs de glace. Un train par semaine rejoignait les grandes villes françaises de Paris, Lyon et Marseille. L’invention de machines pour la production artificielle de la glace provoquera en 1893 la faillite de cette activité industrielle sur le glacier du Trient (fig. 2). Cette activité a résisté plus longtemps au Tessin. Les villes de Milan et Turin ont été approvisionnées en glace jusqu’à la fin des années 1910 par la société anonyme « La Cristallina ». Cette société, créée à Biasca le 11 juillet 1897, exploitait la glace du glacier le plus méridional du Tessin, le Ghiacciaio di Basso, dans le Val Pontirone. Dans les Alpes vaudoises également, il y avait des projets d’exploitation de glaciers, notamment de celui des Martinets, au pied des Dents de Morcles et du Plan Névé, sur le flanc du Grand Muveran. Malgré leur situation jugée facile d’accès et peu distante de la route qui va de Bex au Plans, les projets évoqués dans le Conteur Vaudois le 28 Novembre 1863 ne se sont pas réalisés. À la fin de la première guerre mondiale, la reprise industrielle a permis le développement de la production de frigos et de machines pour la fabrication de la glace, provoquant la fin de l’exploitation de la glace naturelle.